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Portrait - Maxime Morin-Lavoie



Pour le mois d’octobre, nous avons le plaisir de lire le portrait de Maxime Morin-Lavoie.


Maxime reçoit un diagnostic de surdité à l’âge de 18 mois. C’est sa gardienne qui avait eu une formation sur la reconnaissance des troubles auditifs en bas âge qui a soulevé la suspicion en premier. Rapidement, il a été établi que qu’il avait une surdité moyenne à sévère à l’oreille droite et une surdité légère à modérée à l’oreille gauche. Il a eu sa première prothèse auditive à l’âge de 18 mois pour l’oreille droite et une prothèse pour son oreille gauche pour sa rentrée à la pré-maternelle. Initialement, il avait un retard de langage, mais grâce à l’aide d’intervenants, dont son orthophoniste, le retard s’était corrigé pour sa rentrée scolaire. Il avoue qu’il parlait même un peu trop…


Ses amis le décrivent comme une personne impliquée, persévérante, dévouée et altruiste. Ils disent aussi de lui que la communication n’a pas vraiment été un obstacle à leur amitié. Il y en a même qui n’ont su qu’il avait une surdité que lorsqu’ils ont vu ses appareils.


Maxime a grandi à Gatineau. Il a une grande sœur avec qui il a 8 ans de différence. Il est le seul de sa famille, même éloignée, à être né avec un handicap auditif, mais plusieurs personnes de sa famille ont développé des pertes auditives à l’âge adulte, dont le cousin de son père qui porte un implant cochléaire. Les pertes ne sont pas assez sévères pour qu’on utilise la langue des signes dans sa famille, il ne l'a donc pas apprise.


Il a majoritairement eu des amis entendants toute sa vie. Il a cependant eu un ami avec une surdité quand il était très jeune. Ils se rencontraient quand il allait au camping de ses grand-parents. Il avait un handicap plus léger que le sien et s’exprimait très bien.


Malheureusement, son ami a été victime d’intimidation à son école et il a demandé à être transféré dans une école à Ottawa dédiée aux enfants qui avaient des handicaps physiques et il l’a ensuite perdu de vue.


Son parcours scolaire


Il a fréquenté une école régulière et a suivi le parcours standard dès la maternelle. Il portait un système MF. Initialement, il s’agissait de gros boîtiers très apparents et un peu encombrant qui le différencie trop de ses amis à son goût. Vers la fin de l’école primaire, il pu bénéficier d’un système sans fil qui se connecte discrètement derrière ses prothèses auditives.


Quand il était à la maternelle, il était un peu indiscipliné lorsque venait le temps d’arrêter de parler et de ranger les jeux. La professeure avait reçu comme stratégie d’utiliser les lumières pour annoncer la fin de la période de jeu ou d’arrêter de parler pour l’aider à suivre le rythme de la classe au cas où il n’entendait pas la consigne. Cependant, cela n’a pas aidé Maxime, car il continuait de parler ou de jouer lorsque l’enseignante fermait les lumières. Lorsqu’il se faisait chicaner, il répondait: «Je n’ai pas entendu la lumière…».


Jusqu’en 2e année du primaire, il a eu la chance d’avoir d’excellents professeurs qui l’ont aidé à atteindre son plein potentiel sans égard à mon handicap. Malheureusement, en 2e année,il a eu une enseignante qui était moins patiente et qui avait moins d’ouverture d’esprit. Ça été une année difficile pour lui et il a beaucoup régressé. Il dit qu’il devenait plus taciturne et qu’il écoutait moins en classe à cause de cela. Heureusement, il n’a pas eu d’autres professeurs problématiques par la suite.


Il se souvient aussi qu’à l’école primaire, il y avait des jeux en classe du style de deviner le mime ou le dessin que l’élève faisait en avant de la classe. Le professeur sortait de la classe avec l’élève choisi pour lui dire ce qu’il devait dessiner ou mimer, mais à chaque fois, il oubliait de fermer le système MF et Maxime entendait la réponse dans la classe. Les élèves se tournaient tous vers moi pour qu’il leur dise la réponse. Aussitôt que la personne en avant de la classe commençait, tout le monde criait la réponse et le professeur était perplexe face à la rapidité des élèves à deviner la bonne réponse. Ça lui a pris 2-3 fois avant de comprendre ce qui se passait. Toute la classe riait beaucoup.


Une fois rendu à l’école secondaire, Maxime a fréquenté un collège privé, le système MF n'est plus fourni et ses parents n’avaient pas les moyens de lui en procurer un. Toutefois, ses professeurs étaient bien sensibilisés à son handicap et son parcours s’est bien déroulé et au fil des ans, il a figuré parmi les meilleurs de sa classe. Il a même terminé l’école secondaire avec la médaille du gouverneur de bronze et la meilleure moyenne scolaire!


Son plus beau souvenir de son parcours scolaire est survenu à la fin de sa 3e année du secondaire. Un gala méritas était organisé à chaque fin d’année pour

récompenser les étudiants dans les différents cours pour leur implication et leurs notes. Cette année-là, il a été nommé élève de l’année pour ses performances dans tous les cours. Pour lui, il s’agissait de la première fois qu’il avait le sentiment d’être bon dans quelque chose malgré son handicap. Il y a gagné de l’assurance et il est convaincu qu’il s’agit d’un moment charnière dans son parcours qui l’a encouragé à poursuivre des études supérieures par la suite. C’est à ce moment qu’il a commencé à envisager la carrière de médecin plus sérieusement.


En parascolaire, il a commencé à faire de la natation de compétition à 14 ans. Il n’était pas très en forme et ça lui a pris beaucoup de temps pour rattraper le niveau des personnes de son âge. Il poursuit jusqu’à son arrivée au CÉGEP où il a créé des amitiés durables qui persistent encore aujourd’hui. C’était comme une grande famille pour lui!


Aujourd’hui, Maxime est médecin résident en pneumologie à l’Université de Sherbrooke. Il a complété son diplôme d’études médicales à l'Université de Montréal au campus de Trois-Rivières de 2015 à 2020. Il avait choisi spécifiquement ce campus pour être dans une classe plus petite que les classes universitaires habituelles (40 au lieu de 200!). Cela l’a aidé avec sa surdité. Depuis 2020, il complète sa résidence à Sherbrooke pour se spécialiser, d’abord au tronc commun de médecine interne et, depuis juillet 2023, en pneumologie. Sa formation se termine en juin 2025, finalement, après 10 ans! Ou peut-être pas… il y aura peut-être une surspécialisation par la suite. À suivre!

Ses projets


Maxime aimerait faciliter l’accès aux professions de la santé pour les personnes avec un handicap. Ce groupe est sous-représenté dans les professions de la santé et il croit fortement que les personnes vivant avec un handicap ont beaucoup à apporter. Étant donné qu’il s’agit d’un système sous haute pression avec les enjeux de manque de ressources humaines, matérielles et financières, il peut y avoir beaucoup de barrières pour une personne avec un handicap d’intégrer une profession de la santé et il aimerait travailler à abolir ces obstacles. Améliorer l’accès aux professions de la santé pour notre communauté, c’est aussi créer des ponts entre le système de santé et cette communauté.


Après sa formation, il souhaite s’établir dans un centre hospitalier universitaire ou affilié à une université pour contribuer à la formation des futurs médecins. Il veut

aussi s’impliquer dans la gestion du système de santé. Il aime les défis et espère réussir à améliorer, ne serait-ce qu’un peu, l’accès et la qualité aux soins.


D’un point de vue plus personnel, il aimerait fonder une famille bientôt!


Le conseil de Maxime


Il ne faut jamais laisser les autres dicter nos limites. Personne ne connaît ton handicap mieux que toi et c’est à toi de déterminer ce que tu es capable ou non de faire. Bien honnêtement, c’est seulement en essayant que tu vas le découvrir et ça implique que parfois, tu rencontreras des échecs. Retient que les échecs sont des opportunités pour s’adapter et trouver de nouvelles solutions!



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